Grégory Lemarchal: L'étoile filante
«Quand on veut, on peut!» Grégory Lemarchal en a surpris plus d'un par sa force de caractère et son combat contre la maladie.
Il y a un an, le 30 avril 2007, Grégory Lemarchal s'éteignait, emporté par la mucoviscidose à l'aube de ses 24 ans
Mathieu Dupin - le 25 avril 2008, 23h00
Le Matin
Il avait la voix d'un ange. En quelques mois, la «Star Academy» propulsait Grégory Lemarchal sous les feux des projecteurs. Il incarnait pour la France entière la lutte contre la maladie, la lutte contre le silence. Il se soignait par son rêve, en se donnant à corps perdu dans sa passion. Il avait rassemblé autour de lui des milliers de fans et avait redonné espoir aux enfants malades. Il y a un an, fauché en pleine ascension, le Petit Prince disparaissait, vaincu par la mucoviscidose.
L'enfance de Grégory Lemarchal a baigné dans la musique. Son père, intermittent du spectacle, anime des soirées en poussant la chansonnette: Brel, Aznavour, Lama. A l'époque, Grégory ne chante pas. Il préfère de loin danser. Tant et si bien qu'il devient même champion de rock acrobatique à l'âge de 12 ans. Personne alors n'a encore décelé ses talents vocaux... Ce n'est qu'en 1998, trois ans plus tard, qu'il se révèle. En vacances dans un camping. Pendant le Mondial de football, il perd un pari et doit prendre le micro lors d'une soirée karaoké. Son père reste bouche bée en l'entendant interpréter «Je me voyais déjà». Sa vocation était née: Grégory serait chanteur.
En haut de l'affiche
A l'adolescence, tout s'enchaîne: cours de chant, castings, un passage à «Graine de star», des premières parties d'Hervé Villard et de Gilbert Montagné. Jusqu'en 2004. Les téléspectateurs de la «Star Academy 4» aperçoivent parmi les candidats enfermés dans le château, un jeune homme de 20 ans au regard franc et à la voix d'ange. Rapidement, ils découvrent aussi ce que personne n'aurait pu deviner s'il ne l'avait pas dit lui-même, pudiquement: «Je suis né avec quelques soucis de santé. C'est une maladie qui s'appelle la mucoviscidose, une maladie génétique qui affecte les fonctions respiratoires.»
Et pourtant, Grégory chante bien, très bien même. Sa voix force le respect, avec une palette vocale impressionnante pour quelqu'un dont la capacité pulmonaire est si réduite. Celui que l'on surnomme «le Petit Prince» n'a que sa volonté face à l'étau qui enserre ses poumons.
Mais il refuse la compassion: «Je ne chante pas pour faire pleurer dans les chaumières», disait-il. Il veut qu'on le juge sur son talent, Grégory, pas sur sa différence.
Car différent, il l'était. Au château, il ne dort pas avec les autres; il est dispensé des cours de gym. C'est que la mucoviscidose nécessite un traitement quotidien lourd avec lequel Grégory s'est accommodé tout au long de l'émission, tout au long de sa vie. Lorsqu'il interprète «SOS d'un terrien en détresse», la chanson prend une dimension supplémentaire. Il sort vainqueur de l'aventure, avec 80% du vote du public et un million et demi de francs à la clé pour la réalisation de son premier album.
«The show must go on»
Ce sera «Je deviens moi», inspiré de sa vie, dans lequel chaque chanson résonne avec sa maladie. Des chansons simples, qui parlent d'amour au quotidien, mais aussi d'espoir et de cette volonté de vivre à tout prix qu'il affiche depuis le début de sa carrière. Quelques mois plus tard, alors qu'il est déjà double disque d'or, Grégory entame une tournée de plusieurs mois avec la «Star Ac'» et, malgré la fatigue, garde jusqu'au bout le sourire et la bonne humeur qui le caractérisent. Cette énergie grisante, il la puise dans les salles combles, dans l'admiration de ses fans. Il a l'énergie de quelqu'un qui sait que chaque jour de sa vie est compté.
La maladie, on le sait, aura le dessus. Mais la carrière de Grégory aura autant ravi ses fans que servi la cause de son autre combat: la mucoviscidose. La mort de Grégory produira un formidable élan de solidarité et permettra de récolter plus de 15 millions de francs. «Il n'a pas perdu son combat, il ne l'a pas abandonné. On va tous y arriver, ensemble», assure sa mère. C'est ce qu'elle lui a promis.
Jusqu'au dernier souffle
Dans les derniers mois qui lui restent, il vit quelques intenses moments de bonheur. Comme son histoire avec Karine Ferri, l'animatrice de M6, son rayon de soleil avec qui il partage tout, la joie comme la peine. Et les enregistrements, les représentations, parce qu'il «adore les grandes pressions, les grands stress». Sa tournée, seul, deux mois durant, à guichets fermés tous les soirs. Son premier album live, deux ans après sa victoire, «Olympia 2006».
Mais voilà, même pour celui «qui vit la musique comme il bouffe la vie», la maladie est toujours là. Elle fatigue. Se fait de plus en plus sentir. Et finit par le rattraper. En mars 2007, il annonce sa volonté de s'arrêter pendant un an, le temps, enfin, de prendre soin de sa santé. Quelques semaines plus tard, il entre à l'Hôpital Foch, dans l'espoir ultime d'une greffe. Trop tard. Le 30 avril, Grégory Lemarchal, 23 ans, succombe, dans un dernier souffle, à sa terrible maladie. A Chambéry, autour de ses proches, 5000 personnes suivront ses obsèques.
Un an après, le souvenir du Petit Prince n'est pas près de s'éteindre et la lutte continue.
missanne
Chroniqueuse
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